Pour piano seul

Les innombrables lecteurs d’André Maurois dans le monde entier trouveront de nouvelles satisfactions en lisant ces pages. Des nouvelles des genres les plus divers y sont réunies. Certaines comme Les Lettres montreront aux femmes quelle métamorphose elles subissent au cours d’un amour partagé. D’autres, telles que Biographie tracent la courbe d’un destin, tandis que Par la Faute de M. Balzac fournit sur les êtres une quantité de notations psychologiques très sûres. Le Commencement d’une Femme a des côtés poignants. La Vie des Hommes est une anticipation fantastique où l’imagination de l’auteur se donne libre cours sans sortir, toutefois, des limites du possible. Mais, qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, on y fait à chaque fois des découvertes. L’auteur pratique à merveille le dialogue et, d’un début de conversation purement anecdotique, en apparence tout au moins, il fait surgir un petit drame qui va en s’amplifiant, révèle des surprises et jette sur les personnages en cause des lumières insoupçonnées. À mesure qu’il approfondit l’analyse, nous pénétrons à sa suite dans ces refuges secrets de l’âme qu’un romancier de sa qualité excelle à mettre au jour. C’est ainsi que beaucoup de ces nouvelles offrent la matière et la valeur d’un essai. Que de richesses éparses dans cette accumulation de petits faits dont le subtil écrivain tire la moralité en action ! André Maurois nous mène ainsi où il veut par des chemins que nous ne soupçonnons pas. Car nombre de ces nouvelles se terminent par un trait, une réflexion, un propos imprévu qui achève de donner son sens aux péripéties qui précèdent. Dernière touche où s’affirme un maître observateur doublé d’un artiste.