Faire l'idiot : La politique de Deleuze

Faire l’idiot, est-ce, comme le suggère Deleuze, une résistance aux puissances établies? Dans un cours à Vincennes, Deleuze déclarait que « philosopher, c’est faire l’idiot ». Le personnage de l’idiot a d’ailleurs une place considérable dans la philosophie de Deleuze. Le prince Mychkine de Dostoïevski ou le Bartleby de H. Melville sont les héros deleuziens par excellence en ce qu’ils sont porteurs d’une même indétermination fondamentale. L’idiot est une figure, un intercesseur des intuitions deleuziennes; il donne à son système sa cohérence profonde et à sa politique ses orientations principales. Une politique de l’idiot permet de faire valoir autre chose que ce que proposent aujourd’hui les organisations et les programmes politiques. Le court essai de Philippe Mengue présente ainsi, à la lumière du « personnage conceptuel » de l’idiot, les lignes principales de la micropolitique deleuzienne. La politique deleuzienne se voulait une micropolitique; elle voulait, par ce terme, introduire une nouveauté radicale dans la philosophie politique, un décentrement, un déplacement des questions. Ce que Deleuze nous apporte de meilleur est sans doute l’espérance d’avoir d’autres espérances. D’autres espérances que celles commandées par le « politique » et par ce qui se tient derrière, le marché, la consommation de masse, l’enrichissement…